Français: thèmes,méthodes X.Baux

Le sport professionnel se caractérise d’abord par le fait que, par nature –puisque, justement, il est professionnel- il est une marchandise, une entreprise de  spectacle. Le sport professionnel a, d’ailleurs,  longtemps été rejeté par les pays communistes pour cette raison, supposée contraire à un  idéal (dont eux-mêmes d’ailleurs ne respectaient même plus les apparences). A ce titre, on peut donc considérer que le sport professionnel est un produit symbolique d’une société marchande, hédoniste et consommatrice.

Notre société a ainsi transformé une activité ludique, non directement utilitaire, fondée sur le respect d’un partenaire-adversaire en un instrument de spectacle, payant, structuré par des objectifs de vente et susceptible d’être jugé en fonction de sa rentabilité. Cette transformation, si l’on y réfléchit avec un peu de détachement est surprenante puisqu’elle modifie presque la nature de l’activité : le jeu est devenu un travail, le divertissement un marché, l’échange, le partage sont devenu des produits. Ces processus, qui peuvent être diversement appréciés, sont, en tout état de cause, le reflet d’une société marchande dans laquelle la recherche de la rentabilité économique est un mode de développement. L’un des aspects de cette évolution modifie l’échelle des valeurs ; c’est, en effet, ce que l’on rapporte qui indique la valeur d’un homme ou d’un travail et non son utilité morale, humaine ou sociale. En des termes différents on peut considérer que l’utilité sociale est désormais mesurée en euros, ce qu’indique le salaire considérable des sportifs professionnels lequel est fonction de ce qu’il sont censés engendrer sur le plan financier et non de l’importance sociale de leur tâche. Le sport professionnel reflète donc au minimum, l’évolution mercantile de notre société.

Dans le même mouvement, on peut considérer que cette marchandisation accompagne et/ou reflète aussi le phénomène de la mondialisation. Aux PME locales qu’étaient autrefois les clubs sportifs professionnels ont succédé les grandes entreprises internationales de sports, mécanismes multi-financés, internationaux, opérant sur des marchés mondiaux avec des travailleurs ultra spécialisées et des subsides venus de tous les pays du monde : Australiens, Russes, Américains, du tour de France,  footballeurs Brésiliens, Serbes, Hollandais, Argentins, Coréens etc des équipes de football, équipes internationales post amendement Boosman ; fonds russes, quataris, américains, milliardaires du gaz, du pétrole, de la presse etc. Le sport a suivi et reflété l’évolution d’une société dont les marchés donnent désormais l’indice mondial de fonctionnement. Le sport vendu, exporté, concurrentiel est un reflet de l’économie mondialisée.

Les marchés,  la bourse, mais aussi les  médias… Le sport professionnel est un produit médiatique qui existe, se développe à travers la machine médiatique. Sans média, pas de sponsors, pas de notoriété, pas de reconnaissance, presque pas de sport. Plus que partout ailleurs, notre société trouve dans le sport, promu et retransmis par les ondes et le papier, une synthèse de ce qu’elle est si souvent : un mélange de divertissement et de publicité. La mécanique médiatico-sportive s’auto alimente à tel point que, désormais, le diffuseur décide de tout. Il décide des droits, de la notoriété et même de la chronologie ou de l’organisation des compétitions. Ce qui n’est pas entièrement nouveau, on peut se souvenir en effet que c’est un journal qui a inventé le tour de France et le Paris Dakar.  La société de l’image a engendré un sport d’images, un marché de la diffusion, une spéculation médiatique sur les célébrités, les buzz, les audiences.

X.Baux/IFC.  « Sport, miroir de la société ? »