Français: thèmes,méthodes X.Baux

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Remarques sur les termes parole/échange/conversation

I.                    Quelle différence faites vous entre les termes « parole » « échange » « conversation »…pour chacun d’entre eux, essayez de dire quels vous semblent être les changements les plus spectaculaires/durables/ profonds provoqués par le numérique.

On peut penser que les termes qui composent l’énoncé du thème entretiennent une différence significative, sinon on en aurait pas choisi trois…

La « parole » désigne au départ un acte langagier, le grand robert, la donne comme « l’expression orale des contenus de la conscience », c’est le mot le plus surprenant de l’énoncé dans la mesure où il suppose donc une sorte de « parole numérique » qui, à priori, n’existe pas.

Le mot échange est celui dont la signification paraît la plus vaste : l’échange c’est le fait de donner et de recevoir, gratuitement ou non, des choses et par extension des pensées, des idées (« un échange de vues »). Le numérique est clairement un lieu d’échange puisqu’il est lieu de partage (de données, d’idées, de création, d’outils etc) et de vente (d’objets, de services, d’informations etc). Le numérique pose d’ailleurs d’une nouvelle manière la question du partage et de l’échange (wikileaks, mega uploade etc), de manière tellement nouvelle d’ailleurs que la société n’a pas encore délimité clairement les règles de ces nouveaux échanges. Ainsi la justice a considéré pendant un certain temps que l’échange sur un site hébergeur ressemblait à l’échange privé, mais considère que dépassé un certain stade il est de l’ordre du commerce public et illicite…

La « conversation » est, elle aussi, une forme d’échange, spécifiquement humain, puisque c’est ce qui caractérise le langage de l’homme (il y a un langage des abeilles, par exemple, mais elles ne conversent pas). La conversation contient dans son étymologie même, la notion d’ « être ensemble », puisqu’elle était en latin « conversatio » c'est-à-dire la fréquentation voire l’intimité. « Converser » jusqu’au 16ème siècle voulait surtout dire « vivre ensemble ». Le mot a gardé une part de cette origine que l’on retrouve dans ses usages les plus fréquents (à défaut de la retrouver dans la définition stricte) puisque l’idée de conversation numérique suppose, en général, plutôt un échange personnel, voire intime et parfois exclusif.

Le numérique offre à la conversation le moyen de ne pas s’interrompre, d’être toujours possible, mais l’oblige à passer par différents canaux (techniques : mail, messagerie instantanée, visio-échange…) et peut-être que ces changements sont essentiels et lui font perdre sa nature intime. En effet, la conversation (notez le préfixe) était jusqu’alors une forme d’échange supposant –même en cas de désaccord- une forme de rapprochement, aux limites de la confidence, aux enjeux affectifs, ludiques ou intellectuels marqués (une conversation même sur des sujets superficiels marque le plus souvent, ne serait-ce que par la forme de l’échange une relation non neutre). Elle se tenait en général avec un autre dans un contexte de rapprochement physique (d’ailleurs le terme désigne aussi un fauteuil propice à l’acte), favorisé par le faible nombre des participants et même dans l’usage le plus courant le binôme. En gros elle se caractérisait dans sa représentation de base comme un instant d’échange privilégié et direct avec une personne…La conversation numérique est-elle proche de cela, puisqu’elle peut prendre le caractère d’un échange presque permanent et  qu’il existe désormais des conversations avec des gens que l’on ne connait pas…

X.Baux. IFC

 



17/10/2012
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