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A quel titre un (ou des) champion(s) peut-il incarner une forme d'idéal, de mythe pour un peuple ?

Certains champions, des individus, parfois aussi des équipes, semblent plus que d'autres incarner un idéal voire endosser une valeur mythique pour leur admirateurs (ce n'est pas toujours leurs compatriotes, car certains mythes sportifs débordent toute les formes de patriotisme ou de chauvinisme).

Le culte nait souvent d'une forme d'héroïsme et/ou d'esthétique qui elève le champion au delà du simple vainqueur, il ne suffit en effet pas d'un palmarès pour atteindre au mythe. Ainsi une défaite pleine de drames et de panache peut-elle faire naître une admiration aussi forte voire plus forte qu'une victoire. On se souvient par exemple des "verts" de Saint Etienne idoles d'un pays tout entier, défaits en finale de la ligue des champions après avoir tiré sur les poteaux et vu leur meilleur joueur blessé. Perdre ainsi, contre toute justice, avec courage et malchance, surtout contre "l'enemi Allemand" (Munich): les perdants, désormais mythiques, défilèrent sur les champs Elysées! Ils incarnaient la France du panache, celle qui se reconnait si souvent dans les "perdants magnifiques" surtout si leurs défaites sont empreintes du sentiment d'injustice et d'héroïsme voire de drame qui rappelle les épopées dont l'histoire réelle se délecte: Crecy, Valmy, Ronceveaux, la charge des St Cyriens en 70, voire la défaite de Waterloo avec "l'injuste" défection de Grouchy....C'est à tout cela que renvoient dans l'imaginaire français l'équipe des "brésiliens de l'Europe" de M.Platini, agressée, injustement et incroyablement défaite alors qu'elle semblait mériter cent fois d'être championne du monde! Et bien sûr victime de la "barbarie Allemande" comme le dit la presse français de l'epoque, en pleine construction européenne...

Le "destin" semble guider la construction du mythe: pour qu'on construise un culte, il faut un destin...