Français: thèmes,méthodes X.Baux

A quel titre/pourquoi/comment certains sports reflètent-ils l'esprit d'un peuple, d'une communauté, d'un pays?

Il est difficile de répondre à cette question aujourd'hui que les systèmes d'échange, les moyens de communication, les développements commerciaux font du sport une affaire internationnale. désormais le football est aussi populaire en Russie qu'au Brésil ou au Japon et le judo a cessé depuis longtemps d'être uniquement japonnais, les canadiens ont même déjà remporté le championnat du monde de pétanque!

Les sports, en particulier, les sports très pratiqués et médiatisés sont maintenant des activités partagées par de grandes quantités de gens un peu partout sur la planète. On peut toutefois se souvenir qu'il n'y a peu, certains peuples se reconnaissaient dans certains sports de préférence à d'autres, ce dont, malgré les changement évoqués il y a un instant, il reste encore des traces.... On se souvient ainsi du deuil national que représenta pour le Japon tout entier, qui faisait du judo un trésor sacré, la médaille d'or du judoka poids lourd Hollandais Anton Geesink, ou de la manière dont la Corée s'est voulue toute entière représentée par son art martial, le tae kwen doe, la façon dont le rugby Néo Zélandais est supposé recueillir les vertus bien métissées du colon britannque -discipline, organisation, stratégie -et du Maorie autochtone -combat, fougue, courage, vitesse pour exprimer "l'âme Néo Z", l'expression identitaire que refletent le football Australien, le fooball Gaelique, le ski nordique en Norvège, la course de fond au Keynia etc Pourquoi un peuple se reconnait-il dans telle ou telle de ces activités? Cela peut trouver d'abord, des explications simples: les Bretons aiment la voile, les Suisses, les Canadiens ou les Autrichiens le ski etc en d'autres termes les conditions de vie, la naissance d'un sport dans la suite ludique de conditions d'existence ou de travail réelles renforcent le sentiment identitaire. Plus subtil, mais pas moins important, est le lien qui unit un peuple à un sport en fonction de conditions historiques: l'Angleterre industrielle du début du 20ème a "inventé" le football, les ouvriers d'aujourd'hui s'y reconnaissent encore au point qu'il est plus pour eux qu'un simple spectacle, les boxeurs cubains amateurs (le professionnalisme était interdit) ont longtemps mis leur coeur et leur identité dans la volonté de vaincre aux jeux le grand voisin Yankee, les footballeurs du Barça ("plus qu'un club" dit la devise")dans celle de vaincre le franquisme madrilène, c'est dans la victoire en coupe du monde de rugby -sport blanc en Afrique du Sud- que la "nation arc en ciel", porté par le pacte entre Mandela et F.Piernar, le capitaine des Springboks a tenté de naître...etc

On peut aussi considérer que "l'âme d'un peuple", expression séduisante mais peu rigoureuse s'exprime dans certaines activités mieux que dans d'autres: le Breton tenace, dur au mal, issu d'une région pauvre, rurale et excentrée sera skipper ou cycliste (Bobet, Hinault...), le guerrier Fidgien, Maori, grand, fort, fier sera rugbyman, le petit Etyopien souple, infatiguable, habitué aux rudes conditions de vie et aux trajets pédestres sera coureur...le raisonnement n'est pas sans atout mais pas imparable non plus: pourquoi le finlandais serait-il coureur automobile? pourquoi le handball refleterait-il plus l'esprit français ou allemand que le tennis ? 

Il serait plus intéressant, sans doute, de s'interroger sur les styles et les manières de pratiquer, comme mode d'expression d'un esprit: le french flair des rugbymens français contre le réalisme organisé des anglais -comme à la bataille de Crecy ou de Trafalgar- le kick and rush des footballeurs britanniques opposé aux "tabellas et semelas" des argentins et autres brésiliens des terrains pelés (tiens un nom que l'on reconnait...), la puissance, la force l'organisation des footballeurs allemands face à l'économie, la malice, la technicité des Italiens, le rugby rude, de combat, des Isérois face aux bonds et aux escapades des jambes basques etc, il y a là une source d'interrogation fructueuse, en tout cas passionnante pour l'amateur, mais il n'est pas certain qu'on puisse y faire la part entre mythe et réalité...X.Baux. IFC