Français: thèmes,méthodes X.Baux

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corrigé exp web & utopie

 

 

Proposition de corrigé pour le sujet d’expression sur le web et les utopies (sujet avec les propos d’A.France).

http//btsnrc1.blog4ever.com

 

A quoi peut servir  l’utopie qui consiste à croire qu’internet se développera comme un monde d’échange, de partage, d’égalité, de démocratisation des savoirs et des pouvoirs ? Bien longtemps avant l’invention de l’ordinateur, A.France, proposait de croire « que des rêves généreux sortent les réalités bienfaisantes » et que « l’utopie est le principe de tout progrès et l’esquisse d’un avenir meilleur ». Cette idée pourrait-elle s’appliquer à internet et aux espoirs de liberté que la toile a suscités ? Nous verrons que si les premières illusions des militants du web ont été dissipées par le monde des années 90, les utopies, malgré les dangers qu’elles peuvent comporter, ont été, et sont encore, utiles.

Les utopies du web ont été celles du partage et de la gratuité d’une part, celle de la liberté d’expression et de la démocratisation des échanges d’autre part, celle, enfin, de la divulgation des savoirs et de l’accès de tous aux savoirs. Les débuts d’internet ont suscité des méfiances, mais aussi et surtout des enthousiasmes forts, non seulement de la part de « militants » favorables à une utilisation humaniste de la toile mais aussi des politiques, journalistes et observateurs multiples. L’utopie d’internet était celle d’un monde à la fois ouvert et fraternel. Ces vœux ont été, au départ, favorisés à la fois par la nouveauté du moyen –un nouvel outil tend souvent à favoriser de nouveaux espoirs- et par son inédite capacité à créer ou à favoriser des échanges de tous types. Toutefois un monde ouvert l’est aussi aux intérêts, aux conceptions de toutes sortes et même à certaines formes d’avidité. Rapidement, dès les années 90,  on s’aperçut qu’internet n’avait aucune raison d’échapper aux logiques commerciales qui régissent le reste des activités et le rêve d’un monde d’échanges gratuits et solidaires s’est rapidement évanoui. Avec lui s’est aussi envolé le rêve d’une nouvelle égalité devant les informations et les savoirs. En gros, ce sont ceux qui avaient le mieux profité des anciens accès aux savoirs –livres, médias, lieux de culture etc- qui ont aussi le mieux profité des nouveaux, et les inégalités se sont plutôt renforcées sur ce point. Par ailleurs si le web reste un lieu d’expression assez libre, on a vite découvert son corolaire, la possibilité de filtrer, d’infiltrer et ou de pister n’importe quelle internaute. Formidable moyen de s’exprimer, le web s’est avéré aussi un formidable moyen de réprimer…Ainsi les premiers rêves se sont-ils réduit à  l’état d’utopies dépassées et naïves. Dans un monde marchand, inégalitaire, parfois agressif, parfois beau, surprenant, passionnant internet est lui-même devenu un outil marchand, inégalitaire etc

 

D’ailleurs, les utopies dont les premiers internautes s’étaient faits l’écho, comportent elles-mêmes des dangers dont on ne se rendit compte qu’à mesure des évolutions. Ainsi, l’amateurisme journalistique a ses limites, loin de faire de chaque citoyen un journaliste, il contribue parfois à faire de chacun un relais des rumeurs infondées et des potins médiocres. Ainsi, loin de favoriser les échanges et les débats, la liberté d’expression suscite souvent des violences verbales et des excès qui paraissent insupportables même aux plus fervents défenseurs de la liberté. La gratuité elle-même a ses limites car derrière ce mot, tout et n’importe quoi peut être dissimulé sans véritable contrat, sans véritable responsabilité. Pour autant, si internet n’a pas échappé aux règles générales et aussi aux dérives du monde ambiant, les utopies qui en ont accompagné la naissance ont et sont encore utiles. Peut-être était-il en partie nécessaire que des règles puissent être mises en place, la joyeuse anarchie du petit monde des débuts pouvant vite se transformer en une jungle immense. Cependant, les rêves de gratuité n’ont pas disparu : logiciels, forums, blogs privés restent plus que partout ailleurs des outils de partage et de connaissance rapidement et facilement accessibles. Certes on vend sur internet, mais plus que partout ailleurs, on donne aussi. On ne compte pas les formes de partage des savoirs et d’idées qui existent sur la toile. Où ; ailleurs que sur le web peut-on écouter gratuitement de la musique ? Lire des articles de presse ? Prendre et mettre à disposition des connaissances ? Trouver des milliers de textes importants ? Prendre, améliorer, remettre à disposition des outils techniques ? Organiser des formes de défense du citoyen, du consommateur ? Envoyer des courriers, des dossiers, des photos ? Entretenir des réseaux de connaissance voire de soutien ou de solidarité  et même, on l’a vu il y a peu de temps de lutte pour la démocratie? Tout cela, vite, gratuitement ou presque, en tous cas, à moindre coût et avec une liberté de manœuvre que seul le web offre.  Ces possibilités ne sont pas nées au hasard, les utopies les ont portées et ont contribué à les populariser parfois dans des contextes d’oppositions rudes. D’ailleurs certains combats pour la gratuité, la transparence, la liberté restent vifs. Bien entendu, les utopies de liberté, d’échange, de gratuité supposent des excès, mais à ce jour, rien n’a montré que ce qui ce faisait dans le cadre régulé des échanges économiques, de la vente, des achats n’était pas aussi source d’excès…

Les défenseurs des utopies n’ont pas toujours raison, mais ils contribuent, à leur manière, et, au fond, avec ceux qui les limitent, à tracer « l’esquisse » sinon d’un « avenir » meilleur, du moins d’un internet meilleur. Sans eux, peut-être serions-nous encore « nus et misérables ».

X.Baux.IFC Languedoc/Provence.

 

 



05/02/2013
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