Français: thèmes,méthodes X.Baux

Le visage est à la fois l’expression extérieure de l’individu, par laquelle il exprime une foule de sentiments mais aussi un masque qui peut-être mensonger ou froid. Que montre donc le visage d’une personne ? Comment comprendre un visage ?

Quatre documents illustrent ces questions, ils nous permettrons de voir que le visage est à la fois lisible et non lisible et que son déchiffrement est complexe.

Le visage peut être révélateur si l’on en croit A.Duperey dans un extrait du voile noir (document 4). Ainsi la photo de la petite fille qu’elle fut, montre ce qu’elle était mais aussi ce qu’elle est encore aujourd’hui. Ce visage photographié par son père, dans un moment d’abandon, porte son expression intemporelle, c'est-à-dire ce qu’elle est, aux différents âges de la vie. La photographie a, selon elle, pris l’expression d’un moment « où l’être est rassemblé ». Le visage montré de près par le cinéma lors des gros plans, dit J.L Godard dans « les cahiers du cinéma » (document 3) montre sa beauté, c’est, selon lui, d’ailleurs pour cela qu’il a été inventé. On retrouve cette idée dans l’extrait de l’histoire du visage de J.J. Courtine (document 1) puisque, pour lui, le visage traduit l’âme, l’esprit et, en général, on cherche à comprendre quelqu’un en regardant son visage, son regard. Toutefois c’est aussi pour cela que le visage, qui est la principale expression sociale de l’individu occidental peut se faire froid et inexpressif. D’ailleurs même le gros plan cinématographique ne révèle pas tout, le visage y est vu surtout selon son rôle dans la fiction du film, on y voit que ce que l’on veut voir par rapport au récit (3). Nous voyons mal certains visages soit parce qu’ils nous sont trop communs comme ceux de nos compatriotes que nous croisons chaque jour, soit parce que nous les percevons par des stéréotypes comme ceux des japonais vus de France que l’on regarde comme ceux des asiatiques en général sans les différencier. C’est ce qu’explique R.Barthes dans un extrait de l’empire des signes (document 2) qui montre que si l’on voit des visages on a du mal à voir leur singularité.

Le visage est donc à la fois visible, expressif et soumis aux contraintes sociales (1) où aux particularités du regard qu’on porte sur lui, c’est ce qui le rend difficile à déchiffrer.

En effet, le visage peut exprimer la colère, la passion mais aussi être impassible, modéré, dans les deux cas, à la fois, il montre et cache l’intériorité d’un individu qui n’est tout à fait révélé ni par le fait d’être hors de soi, ni par la modération tournée vers l’extérieur (1). D’ailleurs, le visage reflète d’abord ce qu’on veut ou peut y voir : celui d’un étranger tel que nous nous le représentons à travers les photographies de presse (2), celui d’un personnage de film dont la beauté peut cacher des projets sombres (3) ; nous regardons les visages à travers des systèmes de représentations collectives littéraires (1) ou cinématographiques (3) ou encore avec un regard chargé d’émotion qui nous aide à y voir ce que d’autres ne verraient pas forcement : pour regarder avec la lucidité  d’A.Duperey, le visage des enfants -le sien pris par son père ou celui des siens pris par elle- il faut les connaître intimement. Et encore, elle précise bien qu’elle ne voit que fugitivement ce qu’ils sont profondément (4). Il est donc difficile de lire un visage, peut-être parce qu’à la fois il provient du profond de l’individu mais qu’en même temps il entre dans un processus de socialisation, c'est-à-dire qu’il obéit à des codes et des conventions ou des contraintes (1).

Au final, on retiendra que le visage est un révélateur dont bien souvent nous ignorons ou nous ne voyons pas ce qu’il montre vraiment et ce qu’il cache.

X.Baux. IFC 09.